La science ne nous suffit plus. Les débats sur la vaccination contre la Covid, même s’ils s’appuient sur des références scientifiques de part et d’autre, sont de nature émotionnelle. Petites phrases sorties de leur contexte pour certaines, afin de leur faire dire autre chose. Trop complexes pour être résumées par oui ou non pour beaucoup d’autres. Teintées par des expériences personnelles pour la plupart. Dans ces conditions, comment espérer un débat serein, que ce soit sur ce sujet ou un autre, la problématique est la même.
Que signifient les taux d’efficacité pour quelqu’un dont l’enfant fait partie des « autres » (échec de la vaccination, maladie malgré les injections, effets secondaires catastrophiques, etc.) ?
Mais, au fait, pour qui on se bat ? Qui est le plus visible dans ces discours enflammés ? Apparemment des intégristes de part et d’autre. Que la science ne puisse pas expliquer tous les mystères de l’univers est une évidence. Qu’elle ne soit pas au service d’une minorité d’intérêts financiers en est une autre. Partant de là, il va falloir examiner ce que la science peut nous apporter comme explications, vérités ou autres expressions. Et pour échanger avec la majorité silencieuse qui ne s’exprime que rarement dans ces débats passionnés. Nous devons absolument tenir compte de ses doutes, de ses craintes et de ses soupçons. Ce sont des moutons dites-vous ? Et puis ? Nous sommes tous les moutons de l’un ou l’autre berger. Petit ou grand troupeau est la seule différence.
Et dans ce domaine, c’est à vous scientifiques, de fournir un effort. Comment pouvez-vous imaginer être entendu en proposant plusieurs milliers de pages d’études cliniques à la lecture ? Que signifient les taux d’efficacité pour quelqu’un dont l’enfant fait partie des « autres » (échec de la vaccination, maladie malgré les injections, effets secondaires catastrophiques, etc.) ? Là, le discours est à revoir. Pas de preuve scientifique à l’appui, car personne ne lira les trente-six tomes validant votre théorie. Simplement une plus grande humanité, une écoute un peu plus active, une humilité plus perceptible, une vulgarisation de bon aloi.
Eh oui, il s’agira finalement de foi et de confiance. Pas de la part des extrémistes, ils seront toujours convaincus, mais de la part des moutons. Multipliez les initiatives pour dépassionner le débat. Jacques Neyrinck, homme politique vaudois bien connu, a fait une tentative dans son blog. Persévérez, insistez … Ne tenez pas compte des commentaires, ils ne sont que l’expression des convaincus. Mais les agneaux aussi les consulteront. Il ne s’agira alors pas de convaincre, il s’agira juste de témoigner. Nous sommes les semeurs, rien d’autre. Que ce soit la nature, un être supérieur ou la chimie qui fasse éclore le grain, ce ne sera cependant pas nous. Nous savons que cela fonctionne, mais nous ne savons ni le comment fondamental, ni le pourquoi.
Il faudra également regarder dans le rétroviseur. Les mouvements que nous connaissons aujourd’hui existaient déjà en 1918, lors de la pandémie de grippe dite espagnole (en fait, elle venait du Kansas). Groupes anti-masques et convaincus par la médecine s’affrontaient déjà à San Francisco. Depuis, le monde n’est pas tombé dans une dictature insensée, contrairement aux prévisions. Mais les arguments des anti du cru n’ont pas non plus été entendus ni étudiés aujourd’hui. Une pensée de Confucius devrait pourtant nous interpeler. Cette pensée, là voici : l’expérience est une lanterne que l’on porte dans le dos, et qui n’éclaire que le chemin parcouru. Eh bien non. Notre humanité a de plus en plus tendance à répéter l’histoire car elle n’en tire pas les leçons. Cela vaut d’ailleurs pour les deux camps : pour et contre sont à renvoyer dos à dos.
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