On n’y pense pas assez souvent, mais ce droit à l’erreur est parmi les fondamentaux des droits de l’Homme. Défenseurs du droit à la différence, ne vous inquiétez pas. C’est exactement de cela qu’il s’agit ici. Sous un titre peut-être un peu plus racoleur, car je veux, si possible, aussi sensibiliser les indécis. Par ailleurs, cet article est le premier d’un nouveau genre qui veut mentionner ses sources. Toutes ses sources, les « pros », les « cons », les « mais encore ».
Cessons donc de vouloir sauver les âmes contre leur gré, elles ne s’en porteront que mieux.
Avec l’affaire Civitas, l’intégrisme catholique français refait parler de lui. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, j’ai toujours été contre les intégrismes de tous bords. Qu’ils soient écolo, libéraux, religieux, ils sont les poisons de nos sociétés : la haine et la violence qu’ils suggèrent sont les terreaux fertiles de l’infox. Et qui dit infox dit nécessaire travail de journalisme pour « démonter » ou bien « valider » cette info, justement. N’étant pas journaliste, je ne peux que partager ce que le bon sens me dicte. A la lumière de ma foi et du bagage que j’ai pu acquérir en fréquentant l’église catholique. Il ne s’agit en aucun cas de prosélytisme. Connaître vous donne le savoir, mais ne vous oblige en aucun cas à croire, c’est ça aussi le droit à la différence. Mais d’où vient cet intégrisme ? Quels sont les mécanismes à l’œuvre dans ces théories ? Sans qu’il s’agisse de critiquer et/ou de stigmatiser les tenants de ces théories, je voudrais essayer d’expliciter leurs prises de position, car il me semble que les racines de ces « déviances » sont multiples.
Hypocrites ? Pas forcément
Facile, ce sont tous des hypocrites. Ils prêchent ceci et font cela. Désolé, mais ceci n’est pas une caractéristique de ces traditionalistes uniquement. Des hypocrites, on en trouve partout. Des chrétiens qui proclament l’amour du prochain, cela vous parle ? Des hommes d’Eglise qui prêchent et ne font pas, vous en avez certainement déjà croisés. Des politiques qui prônent des absolus pour être rejoint par des mouvements « œcuméniques », c’est courant de nos jours. Voilà pour les hypocrites qui sont, on le constate, de tous les côtés de la barrière. Dans le camp des sincères, il faudra également mentionner les bonnes foi, de tous les côtés de cette même barrière aussi. Les anti-avortement prêts à héberger la femme désemparée et son enfant à naitre. Les riches donateurs qui soutiennent les tenants de la théologie de la prospérité et j’en oublie. Comme vous pouvez le constater, l’hypocrisie est plutôt une caractéristique humaine très répandues, et dans toutes les sociétés.
Une autre clé de lecture
La théologie de la prospérité est clairement une autre clé de lecture que celle qui parle de miséricorde ; celle qui réunit la plupart des commentateurs du nouveau testament. Tant il est vrai que, dans l’ancien testament, on trouve tout et son contraire, en fonction des interprétations, il me semble qu’une pièce particulière de l’évangile nous autorise une lecture plus apaisée : les tentations du Christ. Jésus, comme Satan, se réfèrent aux mêmes écritures. Outre la volonté des évangélistes de nous faire découvrir la vraie nature du Fils de Dieu, ce passage nous permet d’accepter une clé de compréhension de Dieu que nous n’aurions pas imaginer : le refus du pouvoir humain, le refus de demander un signe à son Dieu ainsi que de l’abus de pouvoir. Une de ces valeurs me parait d’autant plus pertinente dans ce contexte : le refus de Jésus de devenir le roi du monde. Il veut susciter, non légiférer. Cependant, une théorie de cette nature ne vaut que si elle est cohérente avec l’ensemble du livre. Cohérence qui est rappelée en plusieurs endroits : l’enfant prodigue, la femme adultère, le pharisien et le publicain, etc. Les exemples ne manquent pas, je dirais même qu’ils sont majoritaires. Dans ces mouvements d’intégrisme, même la bonne foi n’est pas « bonne ». Combien de prêtres abuseurs l’on fait pour « sauver » des âmes ? Ces clés sont donc nombreuses, mais beaucoup sont dangereuses. La seule que nous n’ayons pas vraiment essayé, et je m’inclus dans la critique, c’est la tolérance de la miséricorde. En un mot aimer autrui comme soi-même.
Soif d’absolu
Ne pas imposer de contraintes à son prochain ne veut pas dire ne pas y croire. Il s’agit seulement de limiter le cercle de mon action à moi-même. Ces valeurs absolues qui me tiennent à cœur, je veux les pratiquer pour les défendre, car je connais mes limites, et je suis conscient de la dose d’effort qu’il me faudra pour effectuer une vraie conversion. Il est probable que le monde se porterait mieux si tout le monde pratiquait sur lui cette soif d’absolu. Le mot est bien choisi, absolu. Mais voilà, la/les religions n’ont jamais fait bon ménage avec la gouvernance. Oh oui, certaines idées partaient d’un bon sentiment : les croisades, l’inquisition, la réforme … Les croisades, d’abord. Elles sont nées du besoin de protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem, elles se sont transformées en un immense carnage. La notion d’hérésie est née du besoin de protéger le message divin, elle s’est transformée en une croisade meurtrière envers ceux qui prônaient une différence ou même une évolution, bridant ainsi les sciences. La réforme est née d’un besoin salutaire de remise en question de l’Eglise, elle s’est transformée en schisme qui pose plus de problèmes qu’il n’en résout.
Au chapitre de l’absolu, on peut également mentionner les écarts laïcs. La liberté d’expression absolue à la Elon Musk s’accorde très mal avec le vivre ensemble. L’ultralibéralisme sans contrôle a, lui, prouvé maintes fois son inefficacité : subprimes, Crédit Suisse, etc. La soif d’absolu, avec l’intolérance qu’elle induit, n’est définitivement pas un modèle de gouvernement.
Dangereux ? Mais en quoi ?
Vous plaisantez j’espère … Une Russie qui prétend que l’occident est décadent. Un Azerbaïdjan qui liquide le haut Karabakh sans aucun bénéfice autre que politique. Un Hamas qui veut absolument rejeter les juifs à la mer. Des colonies israéliennes pour reconquérir la terre promise. Un Donald Trump élu par des tenants de la prospérité dans un pays qui compte une moitié de sa population qui n’en bénéficie pas, de cette prospérité. Et la liste est encore longue. N’écoutez pas les analystes politiquement corrects qui vous diront que cela n’a rien à voir avec la religion. Ils ont peut-être raison sur les motivations profondes des belligérants. Mais se sont-ils posé la question du pourquoi des références religieuses choisies, implicites ou explicites ? Regardez autour de vous et vous aurez la réponse : voisins traditionalistes séduit par le discours de Trump ou les virulentes diatribes de Mgr Schneider pour ne citer que quelques impacts chrétiens de ces choix. Partout où des valeurs religieuses s’emparent du pouvoir, vous aurez à terme de la violence. Cessons donc de vouloir sauver les âmes contre leur gré, elles ne s’en porteront que mieux.
Conclusion
On pourrait distinguer les deux clés de lectures principales de ce billet à la manière de Luc 18, 9-14. Les différences entre le pharisien et le publicain s’appliquent également aux attitudes mentionnées ici : l’humilité face à la suffisance. Et même pour ceux qui veulent imposer leurs valeurs de toute bonne foi, il reste encore un delta : l’un juge l’autre. Donc, même dans le cas ou je suis sur de détenir la vérité, je me dois d’octroyer à autrui le droit de se tromper.
« pros »
Cet article a pour ambition de citer ses sources. Dans le chapitre des pros, vous trouverez celles qui confirment mes assertions. Il est bien clair que ces recherches ne sont de toutes façons pas exhaustives. Cela serait impossible vu la dynamique du web. Et ce serait mensonge de le prétendre. Je vous invite également à poursuivre vos propres recherches. Et surtout à contextualiser les affirmations proposées. Il est trop facile de sortir une phrase de son contexte pour lui faire dire à peu près n’importe quoi.
« cons »
Sont mentionnées ici toutes les sources que j’ai utilisées lors de mes recherches, qui se retrouvent ici car elles ne partagent pas mes assertions. Comme déjà mentionné, ces recherches ne sont de toutes façons pas exhaustives. J’ai eu à cœur de donner la parole à ceux qui ne partagent pas mes opinions pour éviter, autant que faire se peut, les conséquences du biais de confirmation.
« mais encore »
Ce sont souvent des références wiki ou autres. Cette section sera présente aussi souvent que possible car la maîtrise d’un sujet passe par sa connaissance. C’est un biais que l’on retrouve souvent dans les critiques ou autres vérités alternatives, semer le doute. Sans argumentation, juste faire douter. Ce biais, je me propose de l’éviter. Ou du moins d’essayer.
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