Contrairement aux combats « oubliés »[1] de ces dernières décennies, la guerre en Ukraine (oui, il faut bien appeler les choses par leur nom), frappe nos esprits et chamboule notre quotidien. Il ne s’agit pas là de prendre parti, ce n’est pas mon propos. Toutefois, il me parait impossible d’éviter que mes opinions transpirent dans ce billet. Je vais cependant faire tout mon possible pour éviter la propagande. Pour en revenir au propos de cet article, il est intéressant de souligner l’urgence de certaines décisions à prendre par nos autorités occidentales. Notre dépendance aux énergies fossiles se fait criarde, qu’elle soit géopolitique ou technico-économique. Nos choix énergétiques du siècle précédent s’avèrent aujourd’hui douteux voire dangereux. Alors pourquoi ne pas prendre les grandes décisions maintenant ? Oui, celles-ci vont faire mal, mais n’est-ce pas également le but recherché, du moins de l’autre côté de la lorgnette ? Faire de cette guerre sale une guerre verte, voire vertueuse ?
Arrêtez de parler pognon, parlez plutôt de solutions
Depuis le 24 février 2022, le débat fait rage : il faut absolument réarmer la Suisse pour qu’elle puisse faire face à d’éventuelles agressions futures, le sentiment d’insécurité se faisant chaque jour plus oppressant. De fait, ce débat n’est qu’une perte de temps. Un chiffre pour vous en convaincre : le budget de la défense annoncé par la Russie est de deux à trois fois plus élevé que le budget total de la Confédération. Il faudrait donc multiplier par ce facteur les revenus de l’état suisse pour pouvoir seulement couvrir un tel budget militaire. Comparaison n’est pas forcément raison, mais ces chiffres donnent le vertige. Pouvoir se défendre contre une menace de cette nature est donc totalement illusoire. Même si nous sommes les plus braves, les plus rusés, les plus malins, les plus intelligents …
Et si nous investissions plutôt dans des solutions plus vertes ? Qui auraient l’avantage de nous libérer de toutes ces dépendances ? L’esprit n’est clairement pas à la recherche tranquille, c’est évident. Mais la procrastination qui d’habitude m’est si chère, n’est pas opportune en ce moment. Pourquoi donc ? Nous avons eu deux ans de pandémie pour raisonner nos trains de vie et pour quel « résultat » ? Nous n’en avons tiré aucune leçon et sommes revenus sans sourciller à nos comportements d’avant. J’ai donc beaucoup de peine à croire que nous serons tout à coup pris de sagesse au sortir de cette nouvelle crise. Alors laissons le larron profiter de l’occasion …
Considérant les souffrances endurées par le peuple ukrainien, ce débat est-il honteux ? Il est vrai que notre comportement instinctif nous porte à une solidarité qui a eu peu d’équivalent par le passé. Il faut remonter à l’insurrection de Budapest pour en trouver une semblable. Et alors ? Qui d’entre vous peut décemment affirmer être plus proche d’un syrien, libyen ou autre immigrant que d’un ukrainien en 2022 ou d’un hongrois en 1956 ? Cessons donc l’autoflagellation, voulez-vous … Les institutions et autres ONG ont les moyens de compenser ce travers raciste. Même si, là aussi, il y aurait beaucoup à dire.
Concrètement, quelles pistes suivre ? Que faire aujourd’hui pour prévoir demain ? En premier je citerais l’absence de prise de position de nos autorités vertes : elles paraissent soit débordées par le cynisme de la situation, soit embourbées dans des considérations intégristes. Et pourquoi ne pas parler de dépendances géopolitiques ? C’est un exercice nouveau pour elles, et qui consistent à sortir des querelles de clocher. Ensuite je demanderais à ces mêmes autorités de cesser de parler de taxes, de fonds, de péréquations. L’argent, tout le monde le sait, est indispensable. Mais je ne supporte pas le discours qui consiste à dire : prenez l’argent, après on verra. Non, et c’est exactement pour cette raison que la taxe carbone a échoué devant le peuple le 13 juin 2021 : les projets concrets ne répondaient pas à l’appel. S’il vous plait, arrêtez de parler pognon et parlez plutôt de solutions, les moyens suivront. Mais dépêchez-vous, d’autres lobbies n’ont pas attendu …
[1] Tels l’annexion de la Crimée en 2014, les combats dans le Donbass depuis 2015 également, ainsi que la crise tchétchène entre 1994 et 2000
Aucun commentaire