Confondre humilité et dignité revient à considérer son prochain en tant qu’esclave. Que peut-il dire ou répliquer ou même protester si, à chaque fois, il doit tendre l’autre joue et se taire ? La voie du martyre lui est donc toute tracée. Nulle place pour l’échange, le pardon, la miséricorde. Même le témoignage ne trouve plus droit de cité. Pourtant Jésus lui-même n’a pas renoncé à sa dignité : Si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes tu ? (Jn 18 :23). Il l’a même « accordée » à Marie, qui, cela n’a pas beaucoup changé depuis, aurait dû aider aux fourneaux (Lc 10 :42).
Ces femmes qui, par leurs différences, portent le poids de la fécondité. Certains moralistes leurs ont enlevé leur dignité, sous prétexte de protéger la vie, en leur refusant l’avortement. Il ne s’agit pas là de couvrir un crime quelconque, mais simplement de respecter un maximum la Vie avec un grand V. Qu’en est-il de celle de la jeune fille qui, après un viol, se trouve enceinte ? De celle qui de toute bonne foi s’est donnée à un « profiteur » ? Gâchée, et pour cause, la société n’ayant rien prévu pour soulager ces détresses. Non seulement elle sera seule pour faire grandir cet enfant, mais encore les « croquants » vont la fustiger à longueur de vie …
Pendant longtemps, l’Eglise a également condamné ces pauvrettes[1]. Cette attitude reflétait celle de la société, qui a depuis toujours fait porter la faute sur les femmes. Ceci contre vents et marées ; pourtant Jésus fut le premier, et peut-être le dernier, à pardonner. Qu’elle ait pêché au sens ecclésiastique du terme n’est pas le débat. Et pour ce type de péché, cela se fait généralement à deux … Mal interprétée, cette miséricorde du Christ a mené à ces abus. Les hommes qui composent notre Eglise n’étant pas saints (pas tous en tout cas), il me parait malvenu de lui octroyer le droit de légiférer, dans ce domaine comme dans d’autres.
Gardons cependant à cette église le droit de défendre les absolus vers lesquels nous devrions tendre tous ensemble. Mais pas la gestion des problèmes. D’ailleurs je me demande si on peut en laisser la gestion à des hommes. Le dernier en date à défendre soi-disant la vie, est un esclavagiste, un raciste et un menteur. Il professe la défense de la vie, mais ne lui a accordé aucune dignité pendant les quatre années de son règne.
[1] Couvents Marie-Madeleine en Irlande, jusqu’en 1996
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