Etonnante cette profession, charpentier. Métier manuel s’il en est, il est à l’opposé de tous ses ancêtres dans la Bible. Salomon et David étaient rois, les prophètes Jérémie, Zacharie, Isaïe, Ézéchiel et Daniel étaient soit des fonctionnaires royaux, soit des prêtres. L’incarnation de Dieu fait homme n’arrête pas de nous renseigner sur la véritable nature de Celui-ci. Par rapport aux Écritures, quel sacré changement dans la manière, dans l’interface. Et si Lui aussi avait changé ? D’un Dieu vengeur et batailleur, Il serait devenu un Dieu d’amour et de miséricorde ?
Peut-être n’est-ce pas Lui qui a changé, mais bien nous. Difficile à croire ? Trop facile de faire changer Dieu selon notre bon vouloir ? Pas sûr … nos égocentrismes nous ayant toujours fait préférer le clinquant. Ce n’est pas facile d’accepter l’humilité d’un Dieu dont nous ne voulons peut-être pas toujours, ou pas sous cette forme en tout cas.
Ce n’est pas notre vision moderne des métiers manuels qui nous facilitera cette tâche : nous avons, nous ultra-urbanisés, une vision parfois idéalisée de ces métiers. C’est vrai en partie à cause de leur désertion lors du millénaire précédent. Mai 68 étant passé par là, tout le monde devait suivre des études de second cycle. Sans un bac ou une matu, pas de salut. Ces filières manuelles ont donc été délaissées, leur main d’œuvre étant devenu rare, elles se sont donc appréciées.
Mais ces valeurs humaines sont bien plus profondes, elles se confondent avec l’histoire des compagnons[1]. Les premières traces de ce compagnonnage dans la langue française ne remontent qu’aux alentours de 1700 alors que la légende, elle, est beaucoup plus ancienne. Il semblerait que des compagnons aient contribué à la construction du temple de Salomon… Bâtisseurs, ils partageaient le pain, mais pas seulement.
Un autre leg de Joseph, plus que de la simple tradition. La connaissance est un don de Dieu aussi précieux que la foi. Toutes les Écritures sont d’accord sur ce point : l’homme ne vivra pas que de pain[2]. Avec le travail, la persévérance et l’obéissance, cette connaissance est l’héritage que Joseph nous a laissé.
[1] Compagnon : formé du latin cum, avec et de panem, qui signifie pain, également à l’origine du mot copain
[2] Luc 4 :4, Mathieu 4 :4, Deutéronome 8 :3
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