Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson (Mt 13,30). Quelle superbe preuve d’indulgence. Partant du principe que nous sommes au moins l’ivraie et peut-être le bon grain, cela nous laisse le temps de nous convertir … Cela me pousse même à pardonner à mon frère son imperfection. Plus fort, ce pourrait même être une demande implicite à autrui de ne pas attendre la perfection de mon fait.
Tolérant mais pas très ambitieux, voire même timide. Qu’en est-il des idéaux qui nous poussent toujours plus loin, de ces ambitions qui font grandir notre humanité ? Dieu nous a été révélé non pas pour nous permettre de faire n’importe quoi, mais comme idéal à rechercher, à imiter. N’ayez pas peur, les philosophes nous ont préparé le chemin : « Ne craint pas la perfection, tu ne l’atteindras jamais »[1]. Encore faut-il s’entendre sur les efforts à fournir.
Ne pas courir après des idéaux ressemble plus à une solution de facilité qu’à une prise de conscience. Avoir recherché la perfection, c’est cela, avoir essayé. Essayé de se convertir, essayé de ne plus céder à la tentation, essayé de ne plus pêcher. Eh oui, c’est en montant sur un vélo que l’on apprend l’équilibre. Et Dieu nous accompagne chaque jour pour nous aider à trouver cet équilibre. Mais Il ne fera rien sans notre participation, même pas nous sauver.
Donc l’attente indulgente ne concerne que Dieu. A nous il nous est demandé de donner le plus de fruit possible. Que chaque jour le grain trouve une bonne terre. Que nous soyons ambitieux au-delà du raisonnable pour qu’il y ait, le jour du jugement venu, un peu moins d’ivraie à brûler. La paille et la poutre (Lc 6:41) nous rappellent que cette ambition doit d’abord nous être destinée.
[1] Salvador Dali
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