Amnesty International maladroit dans la publication de son dernier rapport ? Peut-être bien. Il n’est pas ici question de défendre l’indéfendable. Il n’est pas non plus question de critiquer l’application des droits de l’homme. Je voudrais simplement, par ce billet, remettre l’église au milieu du village. Je suis de parti pris ? Certes. Je ne suis pas sur le terrain ? C’est vrai, mais cela est vrai aussi pour ceux qui ont publié ce rapport sur les crimes de guerre commis par l’Ukraine. En fait, le personnel d’Amnesty sur place n’était pas d’accord sur la publication de celui-ci, eux non plus …
Pourquoi donc ?
Pour étayer cette opinion, je voudrais faire deux remarques. La première étant qu’en respectant les « règles » humanitaires édictées par Amnesty, il deviendrait alors impossible de défendre une ville, ma ville. Un seul coup de feu mettrait en danger la population alentours, ses écoles et ses hôpitaux. Autant déposer les armes devant un quelconque envahisseur. C’est vrai qu’en terme de dégâts humains, ce serait le « pied » intégral. Mais ce serait au détriment d’un autre droit fondamental, celui de mon droit à l’autodétermination qui aurait été bafoué par la menace. Et sans aucune conséquence pour l’envahisseur, car il n’aurait même pas eu à tirer une seule cartouche. Cela s’appelle de l’angélisme, ou plutôt de l’intégrisme juridique.
Mais encore ?
La deuxième remarque concerne la réponse de Madame Agnès Callamard aux réactions officielles qui accusent Amnesty de soutenir la propagande russe concernant cette « opération spéciale ». Vu d’ici, le seul rapport qui sera porté à la connaissance du peuple russe sera celui-ci. Peu importe que ceux-ci ne seront lus que par des entités au parti pris certain. Peu importe le nombre de pages des autres rapports accusant la Russie de crimes de guerre. Dans un monde ultra connecté ce n’est pas le nombre de pages qui importe, mais bien plutôt le nombre de titre. J’exagère ? Allez voir le site web d’Amnesty … En première ligne des communiqués de presse, l’accusation de crime de guerre par l’armée ukrainienne. En deuxième ligne … l’Iran. En troisième ligne … Israël. Sur la Russie, niet, en tout cas en première page. Une communication biaisée ou je n’y comprends plus rien. De plus, la majorité des témoignages cités dans ce rapport concerne une région au passé plutôt trouble … Le Donbass. Qui depuis 2012, résiste encore et toujours à l’envahisseur 😉. Cela fait dix ans de guerre plus ou moins larvée entre un envahisseur qui ne dit pas son nom, et un état, reconnu par l’ONU en tant que tel, qui accumule les maladresses au regard de l’histoire … Cherchez l’erreur.
Communication …
Bref une communication qui peut être taxée … de maladroite, pour dire le moins. Ils ne l’ont pas fait exprès ? Cela me rassure, mais qu’ils ne se targuent pas, alors, de compétences qu’ils n’ont pas. Ils sont surpris par le bruit qu’îls ont provoqué ? Et c’est tant mieux. Car alors que les précédentes crises, sur lesquelles Amnesty s’était penché, ont été complètement ignorées par la communauté internationale, l’Ukraine a, en quelque sorte, réveillé les consciences occidentales endormies. Une belle leçon de communication à plus d’un titre. Et nous avons tous notre part de responsabilités dans ce paradoxe : ignorance de ce qui se passe un peu plus loin de nous, intégrisme dans les valeurs que nous voulons à tout pris défendre, etc.
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