Mais qu’en est-il de l’identité nationale ou communautaire ? Faut-il s’en réjouir, s’en enorgueillir ou bien s’en éloigner ? Les chants des patriotes, les cantiques, les hymnes sont de si belle facture pour la plupart … Ne serait-ce pas un signe ? Je crois que la réponse se trouve dans la lecture de ce dimanche (cf. Mc 6). Dans ce texte, les douze sont envoyés aux extrémités de la terre pour porter la bonne nouvelle. Ou plutôt, transmettre la paix. Rien de plus. Pas de comptes à rendre sur le nombre de convertis. Pas de paix perdue si l’hôte ne peut pas, ou ne veut pas, la recevoir. Pas de conciliabule interminable afin de convaincre, non plus. Tout sauf du prosélytisme.
Et c’est pourtant ce que je fais quand je clame haut et fort que Dieu bénisse ma patrie. Vous, les autres, êtes dans l’erreur. Dieu ne pouvant nous sauver tous, car il y a du mal en ce monde, qu’Il commence par nous. De même, dans les beaux jours du colonialisme, on se faisait un devoir de convertir un maximum de « sauvages ». Encore aujourd’hui d’ailleurs : dans certaines contrées vous aurez droit au creusement d’un puit si vous bâtissez un temple dans le village. Trop caricatural ? A peine. Alors que ce texte nous invite à témoigner, rien de plus, nous continuons parfois un prosélytisme forcené.
Et le respect à la terre qui m’a nourri, aux gens qui m’ont aidé, aux parents qui m’ont élevé, que dois-je en faire alors ? Eh bien c’était tout simplement leur témoignage. Un superbe engagement, un dévouement sans limites, un don sans espoir de retour. Est-ce que ces graines sont tombées au bord du chemin, dans les ronces ou bien avons-nous été une bonne terre (cf. Mt 13). Si ce fut le cas, alors à nous de témoigner à notre tour, mais rien de plus. Nous semons la graine, nous ne la faisons pas pousser. Par respect pour Dieu et pour l’autre.
Quant au respect de la terre qui nous a été confié, Matthieu (cf.Mt 10:9-10) et Marc (cf.Mc 6 :8) nous disent la même chose : n’emportez rien de superflu …