Genève, ma ville, a souvent été le théâtre de conflits socialo-spirituels. A commencer par la Réforme accompagnée par Calvin, en passant par la séparation de l’église et de l’état sous l’influence française, sans oublier les échos locaux du Sonderbund. Probablement dans l’idée d’éviter les sources de conflits religieux, l’état genevois laïc s’est de plus en plus éloigné des Eglises, à l’époque en majorité chrétiennes. Parfois même de manière excessive : aucun signe de prosélytisme n’est plus autorisé dans l’espace public et pour y organiser une manifestation spirituelle, c’est « la croix » et la bannière.
Mais ceci n’est pas le propos de ce mot. L’an deux-mille vingt a fait trembler le monde entier par l’absence de maitrise sanitaire que la pandémie de la Covid a révélé. Confinement décidé en mars, assouplissement de ces mesures pendant l’été, re-confinement en novembre dû aux excès de l’été, Genève n’a été ni meilleur, ni pire que les autres cantons suisses ou même que la confédération. Mais certaines attitudes ont révélé des ressentiments toujours vivaces parmi nos concitoyens.
Des pétitions ont circulé pour lever l’interdiction des célébrations religieuses décrétée début novembre. La non-proportionnalité des mesures était le fer de lance de ces protestations. Et crac, le conseil constitutionnel Genevois fait lever cette contrainte, avalisant du coup ces pétitions. Il n’est pas de mon fait de juger de l’opportunité de cette décision, mais plutôt de mettre en exergue les événements qui se sont cachés derrière celle-ci.
Ayant été moi-même contaminé lors d’une de ces célébrations, je peux vous assurer que l’indiscipline de la communauté n’a rien de Suisse, elle serait plutôt à l’image de pays voisins… Je ne peux pas porter de masque car cela m’empêche de respirer est un des arguments les plus souvent utilisé. Pour ne pas mentionner l’adhésion, surprenante de la part de croyants, à des théories complotistes. Nous serions dans un état qui nous impose le masque pour mesurer la docilité de la population … Effarant, et je maintiens ce terme jusqu’à ce qu’une preuve scientifique me convainque de mon erreur.
Dans ces conditions, je refuse à mes coreligionnaires le droit d’invoquer un quelconque vice de forme alors que le fond n’est toujours pas cohérent avec leur religion. Qui prône le respect, voir l’amour d’autrui. Cette attitude a d’ailleurs été la source de quelques couacs politiques : le représentant local de l’évêque qui remercie le conseil constitutionnel d’apporter son soutien à la cause des églises ; je cite : « Aujourd’hui, nos communautés religieuses se trouvent toutefois négligées, de manière incompréhensible, alors qu’elles ont acquis au fil de la crise et en particulier lors du déconfinement une expérience indéniable et qu’elles suivent des plans de protection stricts et adaptés à la situation, dans des lieux réputés sûrs et assez spacieux ». C’est une affirmation sans fondement, voir gratuite.
Ce n’est pas parce que nous n’avons pas pu ou voulu démontrer le nombre de contaminations apparues dans nos églises qu’il n’y en a pas eu. Qu’il se réjouisse de la reprise des messes est tout à fait honorable, mais, s’il vous plait, en des termes un peu plus neutres. Ce n’est probablement pas le bon moyen d’attirer la sympathie des élus que de leur mettre le nez dans la … et de rassurer les paroissiens qui craignent de revenir à l’église vu l’absence de moyens mis en œuvre.
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