La Miséricorde, grâce divine ou humaine ?

20 septembre 2021 | Eglise locale | Aucun commentaire

Mis à jour le
20 septembre 2021
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Je pense que l’une ne va pas sans l’autre. Même s’il elle nous semble parfois inaccessible, la Divine ne nous est pas inconnue. Elle nous a été démontrée il y a près de deux mille ans. Des sentences telles celle prononcée sur la croix[1], ou celle distillée à la femme adultère[2] en sont des témoignages encore vivants aujourd’hui.

Miséricorde humaine

Mais qu’en est-il de cette miséricorde que nous nous devons d’appliquer à autrui ? Oui, celle qui nous permet parfois de supporter notre humanité ? Pas de celle qui nous permet d’avoir la conscience tranquille en clamant « je ne l’ai pas fait exprès ». Mais de celle qui tient compte de la douleur que j’ai provoquée chez mon frère, ma sœur. En tenant compte de l’agression ressentie, non pas de ma bonne foi. Et c’est là que les choses se compliquent.

Nous plaçons la barre trop haut …

Elles se compliquent car au lieu de prendre en compte la mal provoqué, ce qui implique un altruisme que la plupart d’entre nous n’a pas, nous préférons établir des lois et des règles qui nous permettent arbitrairement de mesurer ce mal. Et de juger, souvent. De manière implacable. Les cellules souches sont l’œuvre du diable. La liturgie de Vatican II est également son œuvre. Et les exemples de pulluler. Et de s’ajouter les uns aux autres. Et de rendre notre vie de plus en plus compliquée. Mais pourquoi ? Aucune idée, vraiment ? Pour plusieurs raisons très humaines. Les plus nobles d’abord : faire plaisir à un Dieu très exigeant qui nous demande de lui ressembler. Également par soif d’absolu, par idéal. Mais aussi par autoflagellation : quels sens peuvent avoir les coups du sort qui m’ont été infligés si ce n’est pour me punir d’avoir fauté tant et plus. Bref, cela est malgré tout de la psychologie de boulevard. Qui suis-je en effet pour diagnostiquer ? Ce n’est qu’à mon expérience de vie que je peux faire appel. D’autres compétences, je n’en ai point.

… ou pas assez

Blasphème que ceci. A quel titre peut-il juger de ce que Dieu demande ? Comment est-il possible de plaire à Dieu sans effort ? Regardez avec quelle légèreté il traite deux millénaires de tradition[3]… S’il est vrai qu’être chrétien au quotidien n’est pas toujours facile, c’est peut-être d’une manière différente. Combien de chrétiens pratiquants se sont tournés vers d’autres religions car, pour eux, avoir le choix était difficile à assumer. C’est tellement plus confortable de s’entendre dire comment manger, dormir etc. Plus une religion impose de règles, plus elle a de succès auprès d’une population cible. Mais ne criez pas victoire pour autant. Traditionalistes, vous en avez fait fuir tout autant, si ce n’est plus. Ah non ? Comment expliquez-vous alors l’anticléricalisme notoire de nos sociétés civiles ? Vous savez, celles qui sont dans les mains du malin ? Dans ces extrêmes, nous avons tous, d’une manière ou d’une autre, une part de responsabilité.

Alors, que faire ?

C’est bien là le cœur du message. Je ne prétends de rien, je ne cherche à convaincre personne. Je prends juste mon devoir de chrétien un peu au sérieux, pas trop. Plutôt que de vouloir être lisse, absolument politiquement correct, je me dois de témoigner. Pas de faire pousser, juste de semer. Le Créateur se chargera du reste. Et pendant que d’autres feront de la résistance civile, je m’occuperai donc du principal : aimer en actes mon prochain comme moi-même, c’est surtout cela ma mission. En mesurant sa douleur, pas ma bonne foi.

Mais qui suis-je

Juste un chrétien qui désire témoigner. Je me trompe ? Peut-être. Ce qui me rassure dans ce cas, c’est que je ne serais de toute façon jamais assez pur pour mériter le ciel. Je ne pourrais donc compter que sur le pardon divin, celui des humains m’étant définitivement refusé. Quoique certains disent même que c’est gratuit … Mais pour le bien de mes proches, je ne m’en satisferais pas.


[1] Père, pardonne-leur. Ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23 :34)

[2] Va, et désormais ne pêche plus (Jn 8 :11)

[3] Nous serions peut-être surpris de découvrir que la plupart de nos traditions ne datent, en gros, que du second millénaire

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